L’Ash’arisme est la doctrine majoritaire en Islam avec le Maturidisme qui lui est presque identique. L’Ash’arisme nous est venue de Abu l’Hassan al Ash’ari (874–936) fils de Ismaïl qui est le fils ou petit fils d’Abu Musa al Ash’ari (m.662 ou 672), compagnon du Prophète (Abu Musa joua un grand rôle dans les troubles après la mort d’’Uthman se faisant berner par Amir ibn al ‘Aç qui nomma Mu’awiya à la place de ‘Ali).
En ce qui concerne les écoles juridiques sunnites, il y’en a 4 reconnues + une que l’on peut intégrer aux 4 : l’école Dhahirite (ibn Hasm) + l’école shiite qui a sa place à al Azhar depuis peu. Il ne faut pas confondre la jurisprudence -qui sont les écoles juridiques- et les doctrines des Usul al din, qui déterminent la ‘aqida (dogme en Islam) qui sont des théologiens (mutakalimun). Contrairement aux écoles juridiques, les écoles théologiennes se contredisent toutes et divisent la Umma, jusqu’au point du Takfir. Les points de divergences sont surtout à propos de la nature de Dieu (les attributs d’essence sont-ils séparés ou non de Dieu ? A-t-Il une main, un visage ? etc.), le libre arbitre, le kalifat et l’éternité du monde.
Il ne faut pas les confondre avec les écoles juridiques car chacune des 4 écoles juridiques appartiennent à l’école ash’arite ou maturidite de son fondateur et contemporain, Abu Mansur al-Maturidi (944). Ces deux Doctrines sont majoritaires en Islam à + de 90%. La différence entre ces deux doctrines se situe sur entre autres la raison humaine, contrairement à l’école d’al-Ash’ari qui affirme que la connaissance de Dieu découle de la révélation par les prophètes, l’école Maturidite fait valoir que la connaissance de l’existence de Dieu peut être déduite par la raison seule.
Les maturidites donnent plus de pouvoir à l’homme que l’Ash’arisme qui se rapproche du hanbalisme littéraliste et déterministe (jabryite). Les Hanbalites et Ash’arites croient que l’homme n’a aucun pouvoir, quoiqu’il fasse, bien ou mal, c’est Dieu qui crée les actes en l’’homme (perso, je trouve que c’est une aberration). Ils pensent que « les choses sont bonnes ou mauvaises parce que c’est Lui qui les a décrétées ainsi ». Pour sauver la transcendance divine, les ash’arites diront encore qu’on n’interroge pas Dieu sur ce qu’Il fait.
Il faut savoir que le fondateur de la doctrine orthodoxe (ash’arite) de l’Islam a établis sa doctrine en opposition à son maître al Jubaï, Mu’tazilite (autre école de pensée théologique disparue au XIIIème siècle). La doctrine Mu’tazilite repose sur le principe de la « Justice divine »(‘Adl), l’axe central : « Dieu ne peut pas faire le mal, le mal vient de l’homme ; Dieu est juste, donc Il ne peut pas créer le mal en l’homme ou créer un être impie, c’est l’homme qui le devient par obstination à vouloir faire le mal, c’est lui qui s’égare à force d’obscurité ». « Même si Dieu infini et tout puissant, dans son omniscience connaît les actes de ses créatures, sa Toute-puissance, ne prend pas part directement aux actes humains » car l’homme est « créateur de ses actes » par un pouvoir (qudra) que Dieu a crée en lui. Les Mu’tazilites ont établis leur doctrine dès les débuts du 8ème siècle et surtout après la mort de ‘Uthman en jouant un rôle capital dans le développement du dogme en Islam. Ils s’opposaient surtout aux athées, à la trinité chrétienne et aux hanbalites qu’ils nommaient les muchabbihah, (anthropomorphisme) puisqu’ils reconnaissent que Dieu a des mains, un visage, est assis sur un trône au sens propre des termes.
Malgré tous ce qu’on a pu dire de mal sur les Mu’tazilites, il faut savoir qu’ils ont été les premiers à élaborer le dogme du Tawhid, l’unicité absolue de Dieu, que toutes les doctrines reconnaissent par l’Ijma’ (consensus des savants) et reprennant les grandes bases. L’ash’arisme qui je le rappelle est la doctrine théologienne majoritaire et orthodoxe de l’Islam donc celle de la pensée majoritaire à 90% nous vient d’Abu l’Hassan al Ash’ari qui était lui-même mu’tazilite jusqu’à la disgrâce des mu’tazilites. Lors des révoltes contre le pouvoir abbaside qui officialisèrent la doctrine Mu’tazilite, Abu l’Hassan al Ash’ari profite des révoltes pour se retirer de cette école de pensée et reconnaître le hanbalisme comme pensée juste. Il créé ainsi un syncrétisme entre le mu’tazilisme, en reprenant le Tawhid, le Kalam ou théologie spéculative, la philosophie, la raison humaine mais inférieure à la révélation et la littéralité du texte coranique, la négation de la liberté humaine, la thèse du Coran « incréé » des hanbalites en y ajoutant la « théorie de l’acquisition »(Kasb).
Al Ash’ari , en se rapprochant de leurs thèses, a ardemment souhaité être reconnu par les Hanbalites qui l’on rejeté avec toutes ses thèses. Ainsi Les « salafites » aujourd’hui encore combattent et demeurent, comme leurs prédécesseurs, contre l’interprétation du texte coranique, la philosophie, l’Ijtihad, l’aggiornamento des interprétations et des sources secondaires de la jurisprudence (Istihsan et Maçlaha Moursala). Les Wahhabites se réclament d’Ahmad ibn Hanbal (m. 855) donc de l’école hanbalite qui ne reconnait pas la raison humaine, ni la liberté humaine, prône le taqlid (imitation aveugle) reconnaisse le fatalisme et la politique de la ta’a (obéissance aux dirigeants même si injuste) car « c’est Dieu qui a voulu qu’ils accèdent au pouvoir ».
Je sais que ce qui précède est un peu confus à comprendre mais je vous conseille vivement de lire les textes originaux des auteurs de toutes ces écoles théologiques de l’époque classique et de vous en faire vous même une idée (textes traduit en français et en anglais pour beaucoup). Vous seriez surpris des aberrations et des buts politiques s’y dégageant. Il faut aussi bien connaitre l’Histoire de l’Islam, vous pourriez comprendre le contexte du développement de la théologie musulmane et de sa jurisprudence et comprendre pourquoi, par exemple, un Ibn Taymyya prêchait le Djihad (contexte de l’invasion Mongols et des croisades) ou pourquoi Abdel Wahhab a pu être aussi radical avec les Sufis (les musulmans étaient devenus de vrais adorateurs des tombes ou ziyara et redevenaient des litholatres /adorateurs des pierres).
Dès la mort du Prophète (ç), il existait jusqu’à + de 20 écoles(madahab) aujourd’hui il n’en reste plus que quatre, la raison est plus politique que religieuse. Les Shiites, les Mu’tazilites, les Hanbalites, les Kharajites, les Sufies par exemple sont les doctrines les plus anciennes. L’orthodoxie s’est implantée bien après eux, à partir du Xème siècle, et le sunnisme est déterminé à partir du shiisme par opposition politico-religieuse au pouvoir, surtout sous le khalifa de ‘Uthman qu’ils accusaient d’avoir favorisé sa famille, et par la suite pendant le khalifat Ommeyyade (famille de ‘Uthman) qui usurpa le pouvoir à la place de ‘Ali.
Contrairement à une idée bien enracinée, au début de l’islam, ne fut pas le sunnisme, d’une formation lente et plus tardive, s’est créé en réaction contre le mu`tazilisme, à la fin du VIIIe et au début du IXe s, et plus encore après. Dès le IIe siècle, par exemple ‘Abdallah b. al Mubârak (*) définit juridiquement, pour la première fois, les sunnites comme ceux qui rejettent l’insurrection dans tous les cas, que le khalife soit pieu ou non. Ainsi les juristes ne s’occupaient plus de savoir qui était dans le cas particulier d’une résistance légitime. Tous ceux qui s’opposaient aux pouvoir étaient des bughât (rebelles). Le gouvernement devait donc avoir le monopole du pouvoir et la prise en compte de la résistance dans le monde musulmans est, depuis, restée bien mince. La grande majorité aujourd’hui, sunnite, obéit au « principe d’obéissance » pourvu que le souverain n’empêche pas la religion de s’épanouir.
Les Salaf ne sont pas l’apanage des « salafistes » seuls car le terme « Salaf » désigne les pieux prédécesseurs DES TROIS PREMIERS SIECLES, » la communauté la meilleure jamais produite aux hommes » (S.III :110) sont donc aussi bien les Tassawuf (soufisme /existaient dès les débuts de l’islam), les Mu’tazilites (du 7 et 8ème au XIIIè s.), les philosophes (dès le VIIIème siècle) ou les Shiites (dès le VIIème) que les hanbalites.
Les Hanbalites que sont Ahmad ibn Hanbal puis ses adeptes après lui : ibn Taymyya, ibn Qayim al Jawziyya, Ad-Dhahabi, ibn Kathir et Abdel Wahhab (les Wahhabites, radicaliseront sa pensée) et les contemporains tels al Albani, ibn Bâz et al ‘Outhaymine sont similaires par la même doctrine jabryite. Ceux là se considèrent comme détenant la doctrine « Véridique » des Salaf et seront donc sauvés du feu de l’enfer alors que tous les autres sont dans le faux et méritent pour cela l’enfer. Ils appuient cette affirmation par un hadith faible qui dit : « Les Juifs se sont divisés en soixante et onze sectes, les Chrétiens se sont divisés en soixante-douze sectes et ma communauté se divisera en soixante-treize sectes. » et « toutes iront en Enfer sauf à se conformer à ma tradition et à celle de mes compagnons. ».
(cf. LES 73 « SECTES » DE L’ISLAM)
(*) Cf. Les 73 « Sectes » de l’Islam interprétées de façon erronée. Hadith rapporté par ‘Abdu-llâh Ibn Al-Mubârak (mort en 797 a.p. JC) : « 72 passions ont pour origine (asl) 4 passions [initiales] (ahwâ) à partir d’elles, bifurquèrent [les] 72 [autres]. [Elles sont,] la passion (secte) des :« qadarîyyah », des « murdji ah », des « chî’ah » et des « khawâridj » (http://minhajalhaqq.blogvie.com/2010/08/22/l%E2%80%99origine-des-72-sectes/#respond).